résignation

résignation

résignation [ reziɲasjɔ̃ ] n. f.
• 1265-1270 dr. « abandon volontaire d'un droit »; de résigner
1Vx Abandon. La résignation de soi-même, de sa volonté. abdication, renonciation (à). « La résignation qui nous est la plus difficile est celle de notre ignorance » (Vigny).
2(1690) Le fait d'accepter sans protester (la volonté d'une autorité supérieure); tendance à se soumettre, à subir sans réagir. renoncement, soumission. Résignation par lâcheté ( apathie, démission, fatalisme) . « La résignation, mon ange, est un suicide quotidien » (Balzac). « La résignation n'est que de l'ignorance, de l'impuissance ou de la paresse déguisée » (Maeterlinck). Résignation à l'injustice. Un soupir de résignation. Endurer, subir qqch. avec résignation (cf. Se faire une raison, faire contre mauvaise fortune bon cœur).
⊗ CONTR. Lutte, protestation, révolte.

résignation nom féminin (latin médiéval resignatio) Fait de se résigner, de supporter sans protester quelque chose de pénible, d'inévitable : Abandonner la lutte avec résignation. Vieux. Renonciation à un droit, à une charge, en faveur de quelqu'un. ● résignation (citations) nom féminin (latin médiéval resignatio) Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. La résignation allège tous les maux sans remède. Levius fit patientia Quidquid corrigere est nefas. Odes, I, XXIV, 19résignation (synonymes) nom féminin (latin médiéval resignatio) Fait de se résigner, de supporter sans protester quelque chose de...
Synonymes :
Contraires :
- révolte

résignation
n. f.
d1./d DR Abandon (d'une charge, d'un bénéfice), partic. en faveur d'une personne désignée.
d2./d état d'esprit d'une personne qui se résigne. Supporter ses souffrances avec résignation.

⇒RÉSIGNATION, subst. fém.
A. — DR. [Corresp. à résigner A 1] Action de résigner. Synon. abandon, renonciation à. En 1637, Molière n'ayant que quinze ans fut pourvu de la charge de tapissier et valet de chambre du roi en survivance de son père qui, par la résignation de son frère cadet, jouissait de la charge depuis déjà six ans (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 6, 1863, p. 269).
DR. CANON. ,,Démission du titulaire d'un bénéfice ecclésiastique en faveur d'une personne déterminée remplissant les conditions requises pour l'obtenir`` (LEP. 1948). La (...) résignation en faveur de quelqu'un, est une pratique en usage dès le XIIe siècle en matière bénéficiale: le clerc pourvu d'un bénéfice pouvait y renoncer en faveur d'un tiers (FÉDOU Moy. Âge 1980).
B. — 1. Résignation à
a) [Corresp. à résigner B 1 a] Action de se résigner; résultat de cette action. Synon. consentement, soumission. Il faut être préparé à tout, par une parfaite résignation à la volonté divine (LAMENNAIS, Lettres Cottu, 1818, p. 9). [Les moralistes, les philosophes] n'ont recommandé aux hommes que la résignation à la destinée (DELACROIX, Journal, 1847, p. 189).
b) [Corresp. à résigner B 1 b] Action de se résigner; résultat de cette action.
Résignation à + subst. Il n'y a pas de résignation au mal, il n'y a pas de résignation au mensonge, il n'y a qu'une seule chose à faire à l'égard de ce qui est mauvais, et c'est de le détruire! (CLAUDEL, Père humil., 1920, I, 3, p. 507).
Résignation à + inf. Il avait trouvé, depuis son entrée au collège, tant de dureté, et tant de cruauté même, que cette marque de tendresse (...) abolit tout son courage, toute sa farouche résignation à souffrir (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 83).
Vieilli. Résignation de + subst. La résignation qui nous est la plus difficile est celle de notre ignorance. Pourquoi nous résignons-nous à tout, excepté à ignorer les mystères de l'Éternité? (VIGNY, Journal poète, 1832, p. 967).
2. [Sans compl.; corresp. à résigner B 2] Attitude d'une personne qui accepte, sans se révolter, une chose pénible, désagréable qu'elle juge inévitable. Synon. acceptation, soumission. Alors que partout on ne parlait que de résignation et de soumission, ils avaient trouvé [les étudiants alsaciens] un chef militaire (...) qui au lendemain même de la défaite parlait de se battre et croyait à la victoire (Le Monde, 19 janv. 1950, p. 9, col. 4). Il y avait de la mélancolie dans sa résignation: la silencieuse blessure que je devinai en lui le dota d'un nouveau prestige (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 73).
Dans le domaine relig. Accepter sa démolition graduelle, sa limitation fatale, demande de la vraie force d'âme, bien plus que je n'en ai, ou du moins de la résignation religieuse (AMIEL, Journal, 1866, p. 430). La résignation chrétienne est sincèrement considérée et blâmée par beaucoup d'honnêtes gens comme un des éléments les plus dangereusement assoupissants de l'« opium religieux » (TEILHARD DE CH., Milieu divin, 1955, p. 97).
[En parlant du comportement d'une pers., de sa manière d'être, etc.] Qui révèle cette attitude. Sourire, geste de résignation. L'homme poussa un soupir de résignation (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 94).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. A. 1265-70 [ms. fin XIIIe s.] resination « action de se démettre d'une fonction, d'un mandat, d'un office » (Statuts de l'hôtel-Dieu de Vernon ds L. LE GRAND, Statuts d'hôtels-Dieu, Paris, 1901, p. 153); 1518 faire résignation a (ds Mém. Soc. hist. Paris, XIV, 18 ds GDF. Compl.). B. 1. 1656 resignation de soi-même « renoncement à soi-même » (CORNEILLE, Imitation, III ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 8, p. 448); 2. 1671 résignation à la volonté de Dieu (POMEY); 3. av. 1704 « acceptation stoïque de ce qu'on ne peut empêcher » (FLÉCHIER ds Trév.: Dieu éprouva sa résignation par de longues infirmitez). A empr. au lat. médiév. resignatio « action de céder (un bénéfice, un office) » (1180 ds LATHAM). Les sens B, formés d'apr. résigner B. Fréq. abs. littér.:1 140. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: 1 823, b) 1 436; XXe s.: a) 1 873, b) 1 395.

résignation [ʀeziɲɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1278; résination « démission », 1265; de résigner.
1 Anc. dr. Abandon volontaire (d'un droit) en faveur de qqn. Spécialt. Démission d'une charge, d'un office. Dr. canon. || Résignation d'un bénéfice (dans les mains du collateur, du pape).
2 Vx. || La résignation de… : l'abandon de… || La résignation de soi-même, de sa volonté… Abandon, abdication, renonciation (à).
1 De la pure et entière résignation de soi-même, pour obtenir la liberté du cœur.
Corneille, Imitation de J.-C., III.
2 La résignation qui nous est la plus difficile est celle de notre ignorance.
A. de Vigny, Journal d'un poète, 1832.
3 (1690). Mod. || Résignation à…, et, absolt, résignation : fait d'accepter sans protester (la volonté d'un supérieur, de Dieu, le sort…); tendance à se soumettre, à subir sans réagir, soit par faiblesse ( Apathie, démission, désespérance, fatalisme), soit par un effort de volonté ( Constance, patience, sacrifice). Acceptation, consentement, renoncement, soumission (→ Atteinte, cit. 11; évangile, cit. 6; faim, cit. 12; humilier, cit. 40). || La résignation de qqn à qqch. || Résignation à l'injustice (→ Immortel, cit. 8), à la cruauté du sort… (→ aussi Pauvre, cit. 11). || « (…) tourner les regards de l'armée vers cette grandeur (cit. 26) passive, qui repose dans l'abnégation et la résignation » (Vigny). || Résignation courageuse, patiente, philosophique.Endurer, subir, tolérer qqch. avec résignation (→ Ignorer, cit. 49; et aussi se faire une raison; faire contre mauvaise fortune bon cœur). || Renoncer à qqch. avec résignation (→ Faire son deuil de…). || Supporter les événements avec résignation (→ À la guerre comme à la guerre). || Pousser un soupir de résignation (→ Manifester, cit. 3). || L'âge de raison (cit. 18) et l'âge de résignation.(Au plur.). Rare. || Les résignations de qqn (→ Plumer, cit. 5).
3 La résignation est souvent bonne aux individus; elle ne peut être que fatale à l'espèce. C'est ainsi que va le monde, est le mot d'un bourgeois quand on le dit des misères publiques; ce n'est celui du sage que dans les cas particuliers.
É. de Senancour, Oberman, XLVI.
4 Ce courage ridicule qu'on appelle résignation, le courage d'un sot qui se laisse pendre sans mot dire (…)
Stendhal, la Chartreuse de Parme, I, II.
5 La résignation, mon ange, est un suicide quotidien (…)
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 1012.
6 Chacun s'enveloppe dans le manteau de la résignation, et remet son sort entre les mains de Dieu.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, II.
7 Oui, la résignation est bonne et nécessaire devant les faits généraux et inévitables de la vie, mais sur tous les points où la lutte est possible, la résignation n'est que de l'ignorance, de l'impuissance ou de la paresse déguisée.
Maeterlinck, Sagesse et Destinée, LXV.
CONTR. Lutte, protestation, révolte.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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